Connue dès le IXème siècle, l’église Saint Étienne n’est pourtant pas la plus ancienne du village. Au pied de celui-ci, dans la partie ouest du cimetière, on a découvert en 1932 les vestiges de l’église Saint Nazaire, une église paléochrétienne incendiée à deux reprises. C’est à Saint Nazaire que les protagonistes du plaid (assemblée générale) de 873 avaient prêté serment.
L’église Saint Étienne de Minerve relevait de l’archevêque de Narbonne. Située au cœur des possessions des Guilhem de Minerve, c’était à l’origine leur église castrale avant de devenir l’église paroissiale du village.
D’un roman très pur (elle date essentiellement des XIème/XIIème siècles), elle est constituée d’une nef unique à trois travées avec un chevet voûté en cul de four. La petite chapelle basse qui s’ouvre vers le sud à côté du chœur est probablement le vestige d’une construction plus ancienne. Une belle voûte de pierre repose sur des arcs aux claveaux polychromes. Les ouvertures sont soulignées d’un "cordon de Charlemagne", c’est-à-dire d’un bandeau de basalte noir typique des premières constructions romanes de la région. L’absidiole Nord a disparu lors de la construction d’une chapelle au XVIème siècle.
Le clocher de l’église est modifié à plusieurs reprises. Plusieurs fois atteint par la foudre, il est refait dans sa forme actuelle vers 1950.
L’église Saint Étienne abrite l’autel de Saint Rustique.
L’autel de Saint Rustique est constitué d’un bloc de marbre blanc d’un seul tenant, provenant de Carrare en Italie. Sur la face antérieure, il porte une inscription gravée en latin « RVSTICVS ANN.XXX EPTVS SVI FF », ce qui signifie : "Rusticus l’a fait faire la trentième année de son épiscopat". Rusticus était évêque de Narbonne de 427 ou 430 à 461. La trentième année de son épiscopat est donc comprise entre 456 et 459, c’est-à-dire que l’autel de Minerve, toujours en usage liturgique, est le plus ancien de France (l’autel de Saint Victor de Marseille date probablement de la même époque, mais il n’est pas daté avec certitude).
Cet autel se trouvait déjà à Minerve en 873. Cette année-là se tint une assemblée générale (plaid) au pied du château, au cours de laquelle fut jugée une affaire dont les témoins prêtèrent serment sur l’autel de l’église Saint Nazaire. Or les signataires de la charte du plaid ont aussi gravé leurs noms sur le marbre de l’autel Saint Rustique. Au total, on peut déchiffrer une centaine de signatures gravées dans le marbre de l’autel. Les noms correspondent à d’importants personnages ayant vécu du IXème siècle au XIème siècle. A tous les égards, l’autel de Saint Rustique est donc un monument exceptionnel.
Contribution de Mme Marie Vallée-Roche